5 questions à Sisygambis
À partir du 23 octobre, ZINC et Sisygambis proposent une installation multimédia à la Friche la Belle de Mai : trois écrans en un et un parcours documentaire multisupports.
Zanzibar © Sisygambis
Après deux vidéo-concerts à la Villa Méditerranée, Sisygambis nous livre l’histoire de ce vaste périple et nous présente cette nouvelle installation.
ZINC : En quelques mots, quel est ce projet au long cours, débuté il y a dix ans autour des cultures de la Méditerranée à l’Océan Indien ? Comment est né le désir de partir à la rencontre de ces peuples et de leurs rites ancestraux ?
Sisygambis : Les sociétés traditionnelles ont conservé des valeurs. Pour elles, la musique a un sens, elle est un vecteur de communication, d’expression, elle n’est pas un produit de consommation que l’on range dans des cases.
Nous sommes allés chercher cette source là, les rituels dans la vie quotidienne, chez les moines tibétains, les soufis des Comores, les Masaïs autour du Kilimandjaro…
L’histoire a démarré en 1999, par une expédition par voie terrestre sur la Route de la Soie, Marseille-Shanghai, cherchant à rencontrer les musiciens qui nous feraient découvrir leurs civilisations, on était loin d’imaginer combien leur réalité nous provoquerait et transformerait notre perception des choses. « De la Méditerranée à l’Océan Indien » est la voie maritime. On a fait une boucle.
Sur ces 5 années, comment s’est organisé votre périple ? Quel itinéraire tracer ? Quelles ont été vos rencontres les plus marquantes ?
Cet itinéraire s’est fait en plusieurs voyages et allers-retours, l’idée est venue sur l’île de la Réunion, on recevait le Prix Möbius France de la création multimédia pour nos installations de la Route de la Soie. Quelques mois plus tard, en Malaisie, on inaugurait le Kuala Lumpur Performing Art Center et on a commencé à tourner des images pour ce nouveau projet. S’en sont suivi, une résidence – exposition dans le Salento, une résidence au Centre Egyptien de Musique et d’Art au Caire, plusieurs tournages en Haute Egypte le long de la Vallée du Nil, on est tombés amoureux ! Trois mois dans l’Océan Indien, Afrique de l’Est, le Maroc… Des moments intenses, il y en a eu beaucoup, on a été accueillis dans la communauté Soufie des Comores, on est partis dans une voiture sur le volcan la nuit pour filmer-enregistrer, en plein coeur d’une cérémonie rituelle… Il y a une phrase qui a motivé, nourri nos créations et nos voyages : suivant où l’on se place, le monde nous apparait différemment.
Ce projet artistique, en partie documentaire, est constitué d’une quantité indéfinie d’images, de sons, de vidéos recueillie à travers près de dix pays. Comment s’est-il agencé jusqu’ici avec les créations visuelles et sonores de Sisygambis ?
Dès le départ, on a eu l’idée d’un projet global, pluridisciplinaire, qui a mis des années à se développer. L’image et le son ont toujours fait partie de la création de Sisygambis, la musique du début était composée à partir de samples de nos propres prises de sons, il y a toujours eu un rapport au réel, au vécu.
Depuis 1995 on jouait sur scène avec de la vidéo. On travaillait avec le système midi depuis le début des années 90 imaginant qu’on pourrait un jour manipuler la vidéo comme on le faisait avec le son mais ça a pris du temps . A cette époque, quand on parlait de concept pluridisciplinaire, multimédia, les gens ne comprenaient pas. Puis dans les années 2002-2004, les mentalités ont commencé à changer, tout d’un coup ce que l’on avait du mal à défendre a pris de la valeur, on a fait la création des Rencontres Virtuelles sur la Route de la Soie au Centre Pompidou, on a été programmés dans de nombreux festivals en France et à l’étranger, des festivals de musiques contemporaines ou de musiques du monde, de cinéma… On avait réussi à dépasser les catégories et les publics – et tout le monde s’y retrouvait.
Concernant les médias et la technologie, on est sans cesse en recherche, aujourd’hui se pose plus que jamais la question de l’archivage et de l’accès à nos propres sources.
Les 12 et 13 octobre derniers, Sisygambis a donné deux vidéo-concerts à la Villa Méditerranée dont l’accueil a été plus que positif. On espère un accueil aussi identique à la Friche la Belle de Mai. Pouvez-vous nous raconter la forme multimedia travaillée pour cette nouvelle installation ?
Pour Sisygambis, multimédia va avec multi-supports, la création est musique-son-image, immersion du spectateur, laisser libre la sensibilité, l’émotion, l’imaginaire, du no-comment.
L’aspect documentaire, témoignage est développé à la Friche sur une application interactive où l’on peut aller à son rythme, individuellement écouter-voir des entretiens avec des personnalités rencontrées sur le parcours comme Mohamed Kassim, maitre Soufi des Comores, Anuanga Fernando, danseur Masaï, Ahmed El Maghraby directeur du Centre Egyptien de Musique et d’Art … Un carnet de voyage avec des photos, une sélection de 200 photos projetées, le tout en français et anglais. Nous aurons aussi la réalisation d’un atelier mené pendant six mois à Marseille avec des femmes originaires des pays traversés « La couleur des mots ».
Loin de s’arrêter là, ce projet multi-forme est voué à voyager lui aussi. Quelle tournée à venir ?
Le principal objectif est de ramener le travail dans les pays traversés pour le partager avec ceux qui ont participé à ces créations, nous prévoyons pour 2014 une tournée Afrique de l’Est, Egypte et Asie. On est aussi en train de travailler avec l’Institut du Monde Arabe et Google Cultural Institute pour une exposition en ligne, lancement prévu en 2014 à Paris.
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INFOS PRATIQUES :
DU JEU. 24 OCT. AU DIM. 3 NOV
Projections toutes les 2 heures de 15h30 à 21h30 (dernière projection à 19h30) et jusqu’à 19h30 le dimanche (dernière projection à 17h30)
TOUS PUBLICS
ENTRÉE LIBRE
STUDIO – FRICHE LA BELLE DE MAI
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De la Méditerranée à l’Océan Indien est présentée dans le cadre de la programmation 2013 « Ceci n’est pas un écran » de ZINC et d’E-topie – Marseille Provence 2013 – Capitale Européenne de la Culture.